Restitution de l’étude diagnostic écologique de la Ternoise Saint Pol sur Ternoise

Etude écologique de la Ternoise : Introduction

Monsieur PRUVOST Président du S.A.G.E. de la Canche

Monsieur PRUVOST commence par saluer tout le monde et en particulier Monsieur DEMAGNY, président de la commission technique Eau du Secrétariat Permanent pour la prévention des pollutions industrielles et Madame DELRUE, responsable du Secrétariat. Monsieur PRUVOST remercie également les différents partenaires tels que les industriels représentés par Monsieur DEMAGNY ; l’agence de l’eau, partenaire habituel de toutes les opérations ; le conseil régional ; la DRIRE ; tous les industriels de Saint-Pol et le syndicat mixte de la Canche. Monsieur PRUVOST précise qu’il pense que c’est grâce à toutes ces personnes que le travail a pu être fait et rappelle qu’il a été initié par les industriels. Les autres se sont par la suite associés à ce travail considérant que c’est un travail très important pour la rédaction du schéma d’aménagement et de gestion des eaux de la Canche dont on parle depuis pas mal d’années. On en parle encore aujourd’hui mais on commence à savoir ce qu’est un SAGE. Ce document est important et il faut en moyenne cinq ans pour l’établir. Dans 18 mois, ce travail sera terminé puisque l’on aura pratiquement tout juste respecté les délais de cinq ans. C’est un document de référence et c’est une démarche qui s’inscrit dans le cadre de la loi sur l’eau de 1992. Il y aura dans quelques semaines une nouvelle loi sur l’eau dont on parle beaucoup qui sera sans doute semblable mais où il y a quand même pas mal de choses qui diffèrent en ce qui concerne le problème des pollutions agricoles qui est un sujet important. Le SAGE traite tous les problèmes du bassin versant polluant la rivière. On s’imagine que celui qui se trouve en haut du bassin versant n’est pas dans la course mais en réalité tout le monde est responsable. L’objectif est donc d’aboutir à une gestion cohérente et équilibrée de la ressource en eau et des milieux aquatiques. Il faut donc reconnaître que les actions des uns et des autres peuvent avoir des impacts sur la ressource en eau ; qu’il s’agisse d’eaux superficielles ou d’eaux souterraines ainsi que sur les milieux aquatiques. Il est certain que l’amont a une tendance à avoir des répercussions sur l’aval, ce qui se comprend très bien. Il faut respecter la réserve en eau des générations futures. Le travail effectué aujourd’hui est fait surtout pour les générations futures. L’eau devient un sujet important puisque depuis quelques jours lorsqu’on lit la presse ou que l’on regarde la télé, il est dit que l’on va manquer d’eau partout. On ne manque pas encore d’eau dans le Pas-de-Calais mais les nappes phréatiques sont arrivées à un niveau extrêmement bas. Par contre, il y a des départements où l’on commençait à parler de l’eau au mois de juin et on tire désormais la sonnette d’alarme. C’est pour dire l’importance et la chance que l’on a quand on a de l’eau. Tout cela s’inscrit aussi dans la directive européenne du cadre ? eau ’. L’étude écologique de la Ternoise entre tout à fait dans le champ de ces cadres réglementaires et de cette directive européenne sur l’eau en sachant quand même qu’il y a des impératifs et que logiquement on demande aux états européens d’atteindre un bon état écologique pour 2015. Des questions peuvent se poser pour savoir si l’on sera vraiment capable d’avoir un bon état écologique pour 2015. La mise en ’uvre de l’élaboration du SAGE impose évidemment une relation cohérente dans le cadre d’une conformation forte entre tous les usagers. Quand on parle de pollution, on pense d’abord au milieu agricole, or il s’avère que si le milieu agricole a une responsabilité dans la pollution il n’est pas tout seul et ce n’est sans doute pas lui qui est le plus grand pollueur. Il y a aussi les problèmes ménagers, l’industrie et l’automobile. L’agriculture a donc bien une responsabilité mais celle-ci est très largement partagée. La directive européenne s’intéresse essentiellement à la qualité de l’eau mais il faut également prendre en compte la bonne santé de la Ternoise. Monsieur PRUVOST donne alors la parole à Monsieur LOUF, maire de Saint Pol sur Ternoise.

Celui-ci souhaite rendre hommage à Monsieur PEPIN qui a initié cette étude : il était premier adjoint et maire de la ville à l’époque et était en même temps directeur d’Ingrédia. Il fut le premier à dire que la qualité était importante et que les industriels comme les collectivités étaient concernés. Il a dit qu’il était nécessaire d’aller au-delà des normes physico-chimiques telles qu’elles sont souvent indiquées dans les recommandations qui sont faites. Il a été le premier à poser cette question en 1997 et souhaitait avec ses collègues de la zone déjà à l’époque faire cette étude plus globale sur la Ternoise. Il est devenu président de cette commission du S. 3P. I. et a été à l’initiative de ce travail qui est remis aujourd’hui. Il y a eu depuis beaucoup de discussions et d’études et notamment le SAGE est intervenu. Le schéma d’aménagement et la procédure ont ensuite été lancés. Monsieur LOUF a donc souhaité participer en tant que réformant de la commission du SAGE et maire de la ville à ce travail. Il laisse alors la parole a Monsieur DEMAGNY, président de la commission.

Ce dernier remplace Monsieur PEPIN et est donc totalement en phase avec ce qui a été fait à l’époque. Il dit que la volonté des industriels est d’avoir des chiffres scientifiquement prouvés et de faire une amélioration à travers des objectifs idéaux et viables avec la ville et la générale des eaux qui pilote la station. Il laisse alors la parole à Monsieur BERLY.

Etude écologie de la Ternoise : Restitution

Monsieur BERLY Bureau d’etude AQUASCOP

M. BERLY expose les résultats de l’étude qui a commencé en 2003 et a duré jusque 2004. Cette étude écologique de la Ternoise a trois objectifs. Le premier est de dresser un état des lieux hydrobiologique de la rivière en vue de son évaluation dans le cadre de l’application de la directive cadre européenne. Le deuxième est d’établir un diagnostic des causes de disfonctionnement. Le troisième est de définir des orientations pour parvenir à ce point d’état écologique que prescrit la directive cadre à l’horizon 2015. Le travail a participé à l’élaboration du schéma d’aménagement général des eaux du bassin de la Canche et à la mise en application de la directive cadre européenne sur l’eau. Monsieur BERLY commence donc par exposer la partie état des lieux avec les méthodes et les résultats obtenus. L’état des lieux repose sur des enquêtes mais également sur une série d’expertises et de prélèvements qui ont concerné l’environnement physique du cours d’eau c’est-à-dire le lit inondable, les berges, le lit en eau et également le contexte hydrologique. Il s’appuie également sur les prélèvements d’eau et de sédiments et enfin sur une série d’expertises biologiques concernant la faune et la flore aquatiques. Tous les résultats qui ont été acquis ont été traités à l’aide du système d’évaluation de la qualité en cours d’eau. C’est un système dénommé SEQ qui a été mis au point sous l’égide des agences de l’eau et du ministère de l’environnement à la fin des années 90 et qui comporte trois volets :
 un volet SEQ physique qui a pour but d’évaluer le milieu physique synthétisé par les quatre compartiments lit inondable, berges, lit en eau et hydrologie.
 un volet SEQ eau qui s’appuie sur des analyses sur les eaux et les sédiments.
 un volet SEQ bio qui s’appuie sur une série d’expertises biologiques concernant dans le cas de la Ternoise l’expertise des algues diatomées, algues microscopiques qui colonisent le fond de la rivière ; les macrophytes, végétation macroscopique ; les invertébrés qui colonisent le fond de la rivière et les poissons.
En ce qui concerne le premier type d’expertise, le système d’évaluation de la qualité physique en cours d’eau a été appliqué à la Ternoise par les services de l’agence de l’eau Artois Picardie. Cette évaluation débute par un découpage du lit du cours de la rivière qui est à peu près de 40 km en tronçons que l’on juge homogènes sur un certain nombre de critères physiques tels le concept géologique, la pente du cours d’eau ou l’importance de l’implantation. Dans le cadre de la Ternoise, une quinzaine de tronçons homogènes a été identifiée. Au printemps 2003, les services de l’agence ont visité l’intégralité du cours de la Ternoise et pour chacun des tronçons homogènes ont été évalués les quatre compartiments du milieu physique. A partir de cela le logiciel de calcul du SEQ physique donne également une évaluation globale de chaque tronçon. En ce qui concerne l’évaluation de l’eau et des sédiments, un suivi de 9 stations d’étude réparties sur l’intégralité de la Ternoise a été mis en place. Elles ont été suivies mensuellement pendant une période d’un an entre septembre 2003 et août 2004. Sur ces stations ont été mesurés des paramètres appelés macro-polluants et dans certains sites des micro-polluants ont également été mesurés. On a pu bénéficier de données disponibles au niveau de deux stations. Tous les résultats qui ont été établis ont été traités avec le second module du système SEQ en vue de déterminer l’aptitude biologique, aptitude à la vie de l’eau et des sédiments. Un effort considérable d’analyse a été concentré dans le cadre de cette étude. Les paramètres qui ont été mesurés sont les macro-polluants tous les mois au niveau des 9 stations : il y a à peu près une quinzaine de paramètres qui concernent trois types d’altération qui sont les matières organiques, les matières phosphorées et les matières azotées. A coté de cela, au niveau de certaines stations ont été recherchés des micro-polluants, notamment des pesticides (41 molécules), des hydrocarbures, des organochlorés, des PCB (polychlorobiphényles) et enfin 9 métaux. A coté de ces expertises du milieu physique et de l’évaluation de l’eau et des sédiments, ont également été réalisées des expertises de faune et de flore aquatiques concernant les algues diatomées, la végétation macroscopique, les invertébrés et les poissons. Toutes les données ont été traitées à l’aide du troisième module du système SEQ en vue de déterminer l’intégrité biologique. Monsieur BERLY présente alors les différentes stations. Il y a tout d’abord, une station A1 en amont de Saint Michel qui est représentative du pont supérieur de la rivière ; une station A2 qui est située à l’aval du rejet de la station d’épuration de la zone industrielle et qui est donc représentative de l’impact de cette installation ; une station B3 ; une station D1 au niveau de Monchy Cayeux, à l’amont ; une station D3 à l’aval de la pisciculture de Monchy Cayeux qui montre l’impact de cette structure ; une station F3 au niveau de Teneur ; une autre au niveau de Blingel ; la huitième au niveau de Grigny et enfin la dernière près d’Hesdin. A celles-ci s’ajoutent les deux stations du RNB dont il était question précédemment à savoir celles de Auchy les Hesdin et de Gauchin Verloingt, stations qui sont régulièrement suivies par le service de l’agence tous les mois depuis des années. Le constat qui a été fait est que le milieu physique de la Ternoise est très variable. En effet, selon la terminologie utilisée, on peut considérer que plus de la moitié du cours d’eau se trouve en bon état, 52 % étant légèrement perturbés, 4 % à peine perturbés voir non perturbés. Par contre, 44% sont dégradés à des niveaux variables ; 7 % peuvent être considérés comme sévèrement perturbés et 34 % comme moyennement perturbés. Monsieur BERLY présente alors une carte qui visualise la variabilité de la qualité du milieu physique le long du cours de la Ternoise. Le niveau physique de la Ternoise est très dégradé au niveau de son cours supérieur, cela résulte essentiellement de l’état d’urbanisation du secteur. A l’amont de Wavrans et entre Blingel et Auchy les Hesdin, il y a un niveau de perturbation moyen dû essentiellement à l’aménagement hydraulique. A l’opposé les secteurs qui sont très peu perturbés sont les secteurs qui se trouvent entre Wavrans et Blingel et entre Auchy les Hesdin et Hesdin. Le deuxième constat concerne la qualité de l’eau. La Ternoise est affectée d’un état de pollution dès l’amont. Il présente un graphe qui montre l’aptitude à la biologie des stations entre septembre 2003 et août 2004. Une bonne aptitude biologique est encore présente au niveau supérieur, en amont mais par contre en aval de la zone industrielle, la situation se dégrade très fortement. Cette aptitude reste mauvaise jusqu’à l’aval de Gauchin Verloingt. Elle se restaure ensuite de manière très progressive et retrouve un niveau de bonne aptitude seulement au niveau du cours inférieur. Les matières phosphorées (le phosphore et les phosphates) sont essentiellement responsables de cet état de dégradation puisque 75 % des résultats analytiques qui ne respectent pas les seuils d’une bonne aptitude biologique sont applicables à ce type d’altération. Monsieur BERLY présente alors une carte qui visualise l’aptitude biologique qui a été retenue pour chacune des stations sur l’ensemble de la période d’étude. C’est-à-dire que pour une station donnée il peut y avoir une certaine variabilité mais ici il a été résumé la qualité de chaque station sur la période d’étude. A partir de là, cette qualité a été extrapolée sur l’ensemble du linéaire des tronçons homogènes qui intègrent cette station. On s’aperçoit que l’état de bonne aptitude biologique est situé uniquement aux deux extrémités de la Ternoise. Par contre les 85 % restants présentent une aptitude biologique mauvaise entre Saint Pol et Wavrans, puis médiocre et enfin moyenne jusqu’à l’amont de Hesdin. La contamination par les pesticides, les hydrocarbures et les métaux participent également à cet état de pollution de la Ternoise. Monsieur BERLY aborde ensuite les résultats obtenus par les expertises de flore et faune. La première expertise concerne les algues diatomées et a été réalisée par les services de l’agence de l’eau. Elle consiste à prélever des pierres et des cailloux dans les eaux courantes et à racler la pellicule de ces échantillons. L’échantillon est ensuite observé au microscope afin d’identifier les différentes algues diatomées qui sont présentes. On évalue l’abondance relative de ces différentes algues et on applique une méthode normalisée, l’indice biologique de diatomée, IBD, qui permet de faire l’évaluation de la qualité biologique de l’eau. Monsieur BERLY montre alors un diagramme qui illustre les résultats obtenus de l’amont vers l’aval. Les notes de l’indice IBD peuvent varier entre 0 et 20. On constate que globalement la qualité biologique de l’eau exprimée par les algues diatomées est assez satisfaisante puisque sur 5 des 8 sites, on a une qualité biologique de l’eau qui est bonne. La situation se dégrade seulement au niveau de trois sites : à l’aval du rejet de la station d’épuration, à l’aval de la pisciculture de Monchy Cayeux et près du pont. La deuxième expertise biologique réalisée concernait la végétation aquatique macroscopique. Un inventaire de chaque station a été réalisé pour identifier les différentes espèces présentes et l’abondance spatiale de ces espèces. La méthode de l’indice biologique macroscopique a été appliquée : cette méthode permet d’évaluer le niveau de pollution nutritive du cours d’eau c’est-à-dire la pollution engendrée par les phosphates et par les apports de nitrate. La végétation aquatique est remarquable par sa richesse : plus de 60 espèces ont été identifiées. Parmi ces espèces, plusieurs sont assez rares et même rares. Il y a même une espèce protégée : la Renoncule en pinceau des eaux calcaires. Cette végétation aquatique est à l’origine d’un enrichissement anormal du milieu en éléments nutritifs. Monsieur BERLY présente un diagramme qui reprend les différentes notes obtenues avec l’indice IBMR depuis l’amont jusque l’aval. On constate que sur l’ensemble de la Ternoise, il y a un niveau d’enrichissement nutritif qui se trouve soit minimum, soit à un niveau moyen et même jusqu’à un niveau très fort. Cet enrichissement nutritif est perceptible dès l’aval du rejet de la station d’épuration de la zone industrielle puisque l’on note une perte d’un point de l’indice sur la station de référence en l’amont et sur la station de l’aval de la zone industrielle. C’est surtout à partir de Gauchin Verloingt que l’indication fournie par la végétation s’estompe véritablement puisque à partir de cette zone la rivière bénéficie de conditions d’éclairement nettement plus favorables et la législation exprime mieux cet enrichissement nutritif. Au niveau de cette station, on a une limitation de la méthode. La troisième expertise biologique réalisée concerne les invertébrés colonisant dans le fond. C’est une véritable mémoire vivante qui intègre les différentes perturbations et qui ont infecté la rivière dans un passé récent. La méthode d’expertise est l’indice biologique global normalisé, IBGN. Les résultats obtenus au cours de ce suivi montrent que globalement sur l’ensemble de la Ternoise, la qualité biologique globale est moyenne sauf très ponctuellement au niveau de Monchy Cayeux. Cette qualité biologique globale est principalement limitée par l’état de pollution des eaux. Le dernier type d’expertise concerne les poissons. Une pêche électrique a été réalisée en septembre 2004, elle a permis de trouver 5 espèces parmi lesquelles des truites fario et des anguilles. Les différentes truites qui ont été péchées sont vraisemblablement toutes d’origine artificielle puisque aucun indice de reproduction naturelle n’a pu être constaté au travers de l’examen des classes de taille. Par ailleurs, Monsieur BERLY rappelle que malgré l’existence de migrateurs sur le bassin de la Canche, l’aménagement hydraulique de la rivière a interdit l’accès au réservoir. Il présente ensuite un tableau où il apparaît une synthèse des différentes expertises biologiques. Le système SEQ bio a repris les différents résultats obtenus avec les algues diatomées, avec la végétation aquatique, avec le peuplement invertébré et avec les poissons. Il fournit une indication de l’intégrité biologique : c’est une synthèse. On peut constater que sur la totalité du lit de la rivière il y a une intégrité biologique qui se situe seulement à l’élément passable. On déduit que cette intégrité passable est en grande partie due à l’absence de faune et flore polluosensibles, ce qui veut dire que c’est la pollution de l’eau qui élimine ces organismes polluosensibles. Monsieur BERLY passe ensuite à la phase du diagnostic. Il rappelle que la Ternoise est affectée par une dégradation du lit et des berges. Cela affecte 44 % du linéaire et est dû en premier lieu à l’aménagement hydraulique qui a des ouvrages qui se succèdent le long de la rivière (on compte à peu près deux à trois kilomètres entre deux ouvrages). La seconde source de perturbation est l’urbanisation : elle concerne surtout le pont supérieur de la rivière. Enfin, il y a des sources de perturbation plus ponctuelles qui résultent de pratiques agricoles à risques, en particulier les cultures en berge ou un libre accès du bétail. Le deuxième point du diagnostic est un état de pollution qui est apparent dès le pont supérieur de la rivière et qui concerne 85 % du linéaire. Les causes essentielles de cet état de perturbation sont l’insuffisance de l’épuration de rejets de la zone industrielle et une sensibilité particulière à l’érosion et enfin des déficiences de l’assainissement domestique. En effet, plusieurs localités sur la Ternoise ne sont pas dotées de dispositifs d’assainissement et cela contribue donc à pérenniser la charge polluante présente dans la rivière. De ces deux grands types de perturbation résulte la perturbation de la faune et de la flore. Cela se traduit par des habitats peu diversifiés, des apports de matière en suspension qui colmatent les sédiments et notamment les frayères et aussi un cloisonnement des cours d’eau qui interdit la libre circulation des poissons. En ce qui concerne les actions, il a été identifié 4 types d’actions. Le premier type concerne la gestion des forages hydrauliques. Une action est en cours : programme de restauration de libre circulation des poissons. Normalement à l’horizon 2006, l’intégralité des ouvrages devrait faire l’objet d’aménagements. Dans ce cadre, il est préconisé un contrôle des radiers résiduels des ouvrages. On préconise aussi des ouvertures coordonnées d’ouvrages. Le deuxième grand type d’actions concerne les interventions sur le bassin versant. Celui-ci est sensible à l’érosion des sols, il faut donc entreprendre des actions de manière à réduire ces risques d’érosion en réalisant par exemple des aménagements tels que des bandes enherbées ou des bassins de rétention. Il faut cependant laisser de l’espace disponible autour de la Ternoise et permettre la mobilité naturelle de la rivière. Le troisième grand type d’actions concerne la lutte contre les rejets polluants. Il faut tendre vers l’objectif de ? zéro-rejet ? concernant le phosphore. Puis, il faut équiper les collectivités riveraines et enfin on préconise la suppression des rejets directs de la pisciculture dans la Ternoise. Le dernier volet des actions concerne la protection de la faune et de la flore. Il y a un programme de libre circulation qui est en cours. A terme, ce programme devrait permettre un accès des migrateurs présents sur l’ensemble du bassin de la Canche. Il y a également un programme d’entretien du lit qui est effectué depuis déjà plusieurs années. Enfin, on développe en épaisseur la végétation de berge et on favorise les ceintures végétales. Monsieur BERLY en a ainsi fini avec son exposé.

Monsieur PRUVOST dit alors que cette étude est très intéressante mais ce n’est malheureusement qu’un diagnostic, diagnostic qui n’est pas très bon puisque l’on est loin de la qualité n’1 mais on est plutôt en qualité 3. Ce qui signifie qu’il y a beaucoup de choses qui doivent être faites si l’on veut être prêt pour 2015. Monsieur PRUVOST insiste sur le fait que l’on avait quand même déjà commencé à faire quelque chose. De gros efforts ont été faits en ce qui concerne la station d’épuration de Saint Pol et des investissements importants sont également réalisés au niveau industriel pour régler les divers problèmes au niveau de l’amont. Les pollutions diffuses et le ruissellement sont aussi très importants mais la région de Saint Pol ainsi que Gauchin se sont mobilisés depuis un certain nombre d’années dans ce domaine et beaucoup de choses ont été réalisées. Il y a aussi l’entretien des cours d’eau qui est une politique permanente. Ceci est un travail intéressant pour lequel il faut avoir les moyens tels que des cantonniers de rivière et donc qui nécessitera des investissements humains assez importants. En ce qui concerne les barrages, un rôle important a été joué au niveau du SAGE de la Canche pour essayer de trouver des solutions par rapport au fait que la loi n’est pas applicable brutalement. La solution est d’abord d’essayer de convaincre les barragistes que la situation telle qu’elle est ne peut pas durer : ce n’est pas la peine de dire que l’on a deux rivières à migrateurs importants dans le Pas-de-Calais si ceux-ci ne peuvent pas remonter. Il y a également le problème des frayères. Des solutions ont été essayées : presque tous les barragistes ont été convaincus et il faut trouver les financements. Au niveau du département du Pas-de-Calais, une politique récente qui remonte à quelques semaines a été lancée car c’est un rapport qui a été soumis lors de la décision budgétaire. Le conseil général du Pas-de-Calais s’est engagé sur le plan financier dans la construction de passe à poissons. La loi a été mal comprise au départ : on a cru qu’il fallait démanteler les barrages or il n’a jamais été question de cela. Par contre si l’on veut travailler à barrage fermé, il faut permettre aux poissons de remonter : c’est l’échelle à poissons qui coûte très chère. Le conseil général du Pas-de-Calais s’est engagé à financer jusqu’à 25 % sur les frais, sur l’investissement. L’agence de l’eau, partenaire habituel, irait jusqu’à 60 %. Il reste aujourd’hui le conseil régional du Pas-de-Calais pour lequel il paraît y avoir un certain flottement selon Monsieur PRUVOST avec peut-être des influences extérieures puisque des associations pour la défense des barrages se sont créées. Cependant il explique qu’il pense également défendre les barrages mais qu’il faut aussi défendre les poissons. Il faut donc trouver une solution pour les deux. On espère que si tous les partenaires arrivent à se mettre d’accord, on puisse présenter des plans de financements très corrects en ce qui concerne l’aménagement des barrages, c’est-à-dire les passes à poissons. Monsieur PRUVOST laisse alors la parole à Monsieur LOUF.

Ce dernier souhaite conforter Monsieur PRUVOST. Il dit en effet qu’il y a un gros effort qui a été fait au niveau du diagnostic sur les problèmes d’assainissement et de qualité de l’eau. A partir de là, il y a eu la phase de réalisation qui est récente : la station d’épuration urbaine. Celle-ci a coûté 3 millions d’euros mais il y a eu une aide importante de l’agence de l’eau et du conseil général. Cette station est maintenant entrée en grand rendement mais est toujours à suivre. Un autre gros travail qui est réalisé avec les industriels est la station pour la pollution urbaine dans la zone industrielle. Le problème est ici encore plus complexe au niveau financier puisque cela a des répercussions sur les productions des industriels. Un accord a été trouvé avec tous les partenaires financeurs pour démarrer prochainement les travaux de la station. Il y a notamment un problème d’azote et de phosphate : une déphosphatation est prévue. Un autre problème concerne aussi les matières en suspension donc le clarificateur semble être un gros investissement à faire. Un groupe clarificateur va être construit pour permettre de réduire les matières en suspension que l’on trouve dans la Ternoise.

Monsieur DEMAGNY intervient alors et dit que ce sont les phosphores qui sont surtout concernés sur la station de la zone industrielle. Il y a donc des investissements prévus en 2005. L’organisation n’est pas évidente car il y a non seulement les industriels mais aussi la mairie qui possède la station et la générale des eaux qui assure le fonctionnement de la station.

Etude écologique de la ternoise : Débats

Monsieur PRUVOST Président S.A.G.E. de la Canche

Monsieur LOUF invite les personnes à poser leurs questions.

Madame CASTELAIN, de Nord Nature, commence alors en demandant si les rejets industriels sont traités de manière interne ou s’ils sont acheminés vers la station d’épuration ou s’il y a des rejets directs au milieu naturel.

Monsieur DEMAGNY dit alors que les rejets qui sont des rejets d’eau pluviale et qui viennent de la zone industrielle et des chaussées et les rejets des trois industriels alimentaires sont collectés et sont envoyés à la station d’épuration. Le rejet qui est analysé ici est après la station d’épuration. Celle-ci appartient à la ville et est pilotée par la générale des eaux.

Monsieur LEMAIRE de Chlorophylle Environnement demande alors à quoi l’on peut attribuer le manque de reproduction.

Monsieur BERLY répond que cela est principalement dû à un état de pollution physico-chimique et un colmatage des frayères. C’est la conjonction de ces deux situations qui dégrade les habitats et colmate les supports immergés.

Madame CASTELAIN demande alors des précisions sur l’oxygénation des échelles à poissons.

Monsieur BERLY répond que l’oxygénation n’est pas un problème et que toutes les stations suivies ont présenté un taux d’oxygénation satisfaisant.

Monsieur PERDRIX demande alors tout d’abord quels sont les polluants à éliminer pour améliorer l’eau et ensuite quels sont les types de micro-polluants.

Monsieur BERLY répond dans un premier temps que la diminution d’azote et de phosphore devrait améliorer l’eau. En ce qui concerne les micro-polluants, la recherche des micro-polluants est très fluctuante par rapport aux paramètres généraux de qualité d’eau. Elle a été ciblée sur certaines stations et on a pu retrouver deux métaux en teneur anormale qui sont le mercure et le zinc. Il a été retrouvé des pesticides dans la station la plus en aval. Enfin, des hydrocarbures aromatiques ont été également retrouvés. L’approche au niveau des micro-polluants n’est pas exhaustive.

Monsieur OIGNON du conseil général prend alors la parole et tient tout d’abord à saluer la technicité du rapport effectué puisque c’est un travail très méthodologique et très scientifique avec de nombreux indicateurs. La science est du bon coté pour faire un état des lieux d’une rivière qui a priori inspire la plus grande confiance et qui finalement donne lieu à un bilan tout à fait mitigé. Il précise que le conseil général apportera bien tout ce qui est libre circulation des poissons migrateurs et ce qu’il faut pour la mise en place des échelles à poissons. Il fait tout de même une petite réserve parce qu’il a été constaté qu’il y avait des propriétaires de barrages qui produisent parfois leur propre électricité et qui viennent ensuite se plaindre des ressources d’énergie. Il y a aussi d’autres personnes devant ouvrir un barrage et qui disent de faire attention au débit au ravinement des berges, des raviers et des ouvrages d’art. Monsieur OIGNON espère donc qu’il sera possible de trouver un compromis qui ne remettra pas en cause ce que la sagesse de quelques générations à contribuer à mettre en place et de trouver le juste équilibre. Il expose ensuite le problème de l’assainissement collectif.

Monsieur PRUVOST répète alors qu’il n’a jamais été question de supprimer les barrages. Il précise qu’il y a différentes méthodes d’ouverture de barrage : il n’y a pas que l’ouverture brutale et totale qui entraîne des répercussions au niveau de l’aval. Il pense que chacun doit faire preuve de bonne volonté. Il y a très peu de producteurs d’électricité et il est tout à fait normal que le barrage soir respecté mais ce n’est pas une raison pour empêcher de remonter les migrateurs. Si tout le monde est d’accord et qu’il est possible de trouver les financements, il sera possible d’arriver à un accord qui évitera la suppression des barrages. Ceux-ci ont d’ailleurs de plus un intérêt touristique donc il faut voir le problème des barrages dans son ensemble et non pas seulement pour le problème des poissons. Il n’est pas question de toucher au patrimoine.

Monsieur BRUYELLE de la fédération Nord Nature pense qu’après avoir convaincu les barragistes, il faut désormais convaincre les élus. Il faut voir pour les assainissements trois grandes orientations dont la première est le collectif avec les réseaux et les branchements. Il est du devoir du maire dans le code de la santé publique de s’assurer que dans les deux ans les riverains soient raccordés. Les puits de perte, les rejets dans les fossés et dans les rivières existent toujours même quand il y a des réseaux d’assainissement. La deuxième est l’assainissement non collectif qui est quelque chose de très technique. L’épuration se fait par les bactéries du sol, il ne faut pas infiltrer trop vite. La troisième est le pluvial urbain qui est quelque chose d’important à traiter. Cela correspond à de la rétention, du traitement physique relativement simple. Le problème est que cela coûte cher. Il va falloir un émetteur au consommateur d’eau. Il faut que les maires prennent en compte qu’ils ne peuvent pas compter sur l’argent public pour faire tout ce qui doit être financé par l’éditeur. Des subventions vont leur venir en aide mais ne vont pas payer l’ensemble. Après avoir fait les ouvrages, il faut encore s’occuper de la gestion qui coûte chère car elle passe obligatoirement par du personnel qualifié et à un très bon niveau. Il faut des ingénieurs, des techniciens et pour les payer, il faut se regrouper. Il y a donc toute une démarche très importante à faire au niveau des élus de la région sur ce plan, ce qui va coûter cher.

Monsieur PRUVOST constate que l’assainissement collectif est réservé aux collectivités assez importantes qui peuvent se permettre de construire des réseaux. Par contre, l’assainissement individuel pose des problèmes. On s’était lancé dans cette politique puis il y a eu un recul de l’agence de l’eau puisque à l’époque cela était subventionné à 60 %. Mais il y a eu ce changement de politique et les collectivités qui avaient fait des études ne peuvent plus envisager des travaux. Il faudrait maintenant redonner une priorité à l’assainissement non collectif car il ne faut pas seulement faire des stations d’épuration. Il y a encore des gens en milieu rural qui considèrent qu’envoyer les eaux usées dans la nappe phréatique est une solution. Ce n’est pas le tout d’avoir un réseau mais il faut aussi qu’il y ait une véritable politique de suivi qui oblige les gens à se brancher. Il y a encore beaucoup de gens qui ne sont pas branchés à l’assainissement et il y a beaucoup de réticence de ces personnes. Monsieur PRUVOST pense qu’il appartient aux élus locaux de faire respecter la loi. Il est de la responsabilité des élus de vérifier si les branchements sont faits correctement. Malheureusement on voit encore beaucoup d’eaux usées qui vont dans les eaux pluviales et d’eaux pluviales qui vont dans les eaux usées. Il faut donc faire preuve d’une certaine autorité.

Monsieur LOUF demande alors dans quelle mesure le travail a permis d’appréhender une meilleure perception de la qualité de l’eau. Il demande si l’on a maintenant une vue un peu plus large qui va dans le sens de l’étude du diagnostic qui pouvait être fait il y a 15 ou 10 ans et s’il y a une perception différente qui pourrait infléchir la politique globale vis-à-vis de l’eau.

Monsieur BERLY répond qu’il faut situer le bon état de la Ternoise par rapport à la directive fixant le niveau à atteindre pour 2015. Il dit qu’il est possible que les actions entreprises sur les stations améliorent la situation. L’étude apporte une vision multiple et cohérente de la situation à obtenir.

Monsieur BRUYELLE s’interroge sur les actions prévues au niveau suivi et mesures de la pollution.

Monsieur TURPIN de la compagnie générale des eaux déclare qu’il est très bien d’avoir fait un état des lieux et qu’il y a un certain nombre de choses en place sur la rivière. Il pense que pour la crédibilité de la démarche il est nécessaire de suivre et de mesurer l’impact de tout ce qui est entrepris. Il est important d’être capable de mesurer l’impact de chaque investissement.

Monsieur BERLY fait remarquer l’importance d’un suivi écologique de la rivière, la surveillance ne devant pas s’arrêter à un état des lieux mais être poursuivie par des mesures régulières.

Monsieur PRUVOST remercie alors l’assemblée et en particulier Monsieur DEMAGNY pour son travail. Il déclare que le SAGE (schéma d’aménagement de gestion des eaux) est un document qui va sortir et va être opposable essentiellement aux administrations mais aussi aux tiers. Il croit que ce document va être important et qu’il est nécessaire de sortir quelque chose de complet et non pas de grandes directives mais plutôt quelque chose d’assez précis selon les différents endroits où l’on se trouve (amont / aval). Le SAGE est un document qui nécessite un partenariat. La seule façon d’obtenir un financement est de montrer que l’on est tous d’accord. Après la parution du SAGE, tous les problèmes ne seront pas réglés mais il faudra faire un suivi permanent. Le travail est effectué pour protéger et défendre le capital qui va être laissé aux générations suivantes. Il remercie enfin Monsieur BERLY pour son étude très précise.

Comptes-rendus